Accéder au contenu principal

Une handipreneure à Deido


La lutte contre l'oisiveté, plus que souvent pour la survie; le handicap ne constitue en aucun cas un frein à l’épanouissement pour ces nouveaux héros. Réussir c'est avant tout une question de prédisposition,  s'appuyer sur son potentiel, le rendre optimum, utile et agréable. 
Nous vous proposons une série d'interviews de personnes spéciales, qui bravent le quotidien et nous font réfléchir sur nos principaux atouts. 
Gros plan sur Solange BESSILA, Call boxeuse à la rue Kotto Deido, Douala, Cameroun, qui nous fait part de son expérience et de son vécu.







Une mère, une femme battante


"Je m’appelle Mlle Solange Bessila, mère célibataire de 2 enfants et 4 petits enfants. Je suis en location à la rue Kotto à Deido et je tiens un callbox non loin de la paroisse Presbytérienne de cette rue célèbre.

J’exerce dans le callbox depuis plus d’un an déjà. Ma principale activité est la vente et transfert des crédits de communication, en plus des confiseries, cacahouètes, l’eau en sachet et des amuses gueules.


"Je suis titulaire d’un Baccalauréat en Techniques administratives d’ISES promotion 2006-2007 avec mention « Bien ». Pour des raisons familiales et financières, dans l’incapacité de trouver un emploi correspondant à mes qualifications, en plus des mes responsabilités de mère d'enfants, c'est après une longue réflexion que j’ai réuni mon entourage pour leur faire part de ma décision de me lancer dans le callbox.  Vu que je n'étais pas occupée, j'ai eu leur consentement.

Cette activité m’a permis d’abord de sortir de l’oisiveté, des quatre murs de la maison et de rencontrer beaucoup de monde avec lesquels j'ai des conversations. Je suis devenue très populaire en un laps de temps au point d'avoir des clients réguliers qui sortent de loin pour me faire la recette.

 Je ne m’ennuie pratiquement pas; Je suis au courant de la vie de la cité, des histoires des passants comme les potins de la cité qui changent au fil des jours. Cela me distrait et remplit mes journées.


J'ai toujours pensé , je pense toujours que je peux faire mieux...


C’est vrai que après mon cursus scolaire j'avais des objectifs professionnels comme tout bon diplômé, un autre conception du travail beaucoup plus rémunéré. Je me suis lancé dans cette activité après la naissance de mes enfants pour survenir aux besoins de la maisonnée.

Je ne gagne pas assez pour le moment mais je suis à mon poste de travail assez régulièrement, quasiment de Lundi à Samedi de 10h à 17h. Ce que je gagne est assez suffisant pour m'occuper de ma progéniture. J'entretiens bien ma clientèle."

Les difficultés il y en a dans toutes les activités, heureusement...

  
 "Oui de mes clients, vous savez il y’ a des clients qui viennent frapper à ma porte seulement pour m’acheter mes produits lorsque j’accuse un léger retard ou lorsque  je suis absente. Certains m’aident à m’installer le matin et rentrer le soir. Je rends grâce à Dieu pour cela. Mes voisins me considèrent énormément."

"Mais je me souviens que pour me lancer dans cette activité,  il a fallu que je convainque ma famille pour qu’elle me finance. Une fois le financement obtenu, j’ai dû me armer  de patience pour m'installer. Le climat était trop capricieux, les soucis avec mes premiers fournisseurs et certains clients mal intentionnés qui me jouaient de sales tours. Mais petit à petit,  j’ai pu me faire un nom et une référence car en plus de vendre les produits du marché je vends mes propres gâteaux, la petite gourmandise. Ce qui m’a lancé très loin par rapport à mes concurrents qui viennent régulièrement me demander des conseils, trucs et astuces sur mes délices."


Le bilan de cette initiative...


"Le bilan est positif car je reste l’unique call boxeuse sur toute cette rue et en plus finis les soucis de loyer et tracas financiers! Je suis inscrite dans des tontines et j’épargne un peu pour le futur de ma progéniture. Je me sens aussi un peu à l'aise. Vous n’avez qu’à regarder mon visage qui s’illumine ainsi que mon poids car je suis capable de me gérer et gérer mes proches grâce à cette activité."


Pour ceux qui aimeraient se lancer dans cette activité...


A mes amis handicapés, je leur conseillerai de se lancer dans une activité adapté à leur handicap, d'affronter et de ne pas fuir les problèmes. Car en matière de travail ou business, nous les invalides comme les valides rencontrons les mêmes problèmes. Pour autant, nous avons un sérieux avantage qui est la patience et une réflexion beaucoup plus poussée. C'est une bénédiction si nous réussissons à faire usage de notre talent. Le regard ne tue pas donc, n’ayez pas peur de cela tout au contraire apprenez à sourire et non à tendre la main parce que la plus grande richesse c’est l’estime de « soi » le respect et l’intégrité.

A tous mes fans et mes prochains amis...


 J’inviterai  ceux qui veulent gouter aux délices et qui ont besoin d’un transfert rapide, venez chez Maa Solange à la rue Kotto , en face de l’église presbytérienne.      




Propos recueillis par M. MBATTI DJAMABE

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

l'emploi des personnes handicapées au Cameroun, une triste réalité

Personnes handicapées, sous emploi et chômage au Cameroun, une situation galopante. Plus de 80% de l'effectif à la recherche d'une utilisation de leur potentiel   Au Cameroun comme ailleurs, les personnes handicapées ne sont guère considérées comme des acteurs du développement. En effet le 13 Avril 2010, une loi sur la protection et la promotion des personnes en situation de handicap a été promulguée. Mais depuis cette date, aucune avancée, pas de décret d'application. - Sur cet effectif au moins 1 000 000 en âge de travailler. - taux de chômage: plus de 80%. - Peu d'entre elles sont soutenues dans la quête de leur autonomie et dans leur volonté d'entreprendre, - Entreprises encore réticentes pour recruter voire accompagner les personnes handicapées, postes pas du tout adaptés, -  Sur le plan infrastructurel, la plupart des entreprises sont dans des bâtiments où l'accès n'est pas fac ile et ceci en dépit de l'existence de nombreux

l'Association pour le Développement de l'Entrepreneuriat des Personnes Handicapées

La situation des personnes vivant avec un handicap Au Cameroun, au moins 2000 000 d’individus sont victimes d’un handicap.  Dans la ville de Douala, plus de 100 000 individus souffrent d’une déficience sur le plan physique, visuel, mental, etc.   Pour la plupart des cas et du fait de leur condition, cette frange de la population est pauvre, vit avec moins de 1000 FCFA par jour,  n’a pas un accès facile à l’éducation et est victime de discrimination à l’emploi. Après observation de quelques entreprises dans les quartiers Akwa, Bali et Bonanjo, points de concentration des quelques grandes entreprises dans la ville de Douala, le constat qui a été fait est que sur le plan infrastructurel et   ergonomique, elles ont   faiblement des prédispositions convenant   à l’accessibilité des personnes en situation de handicap. En témoigne les immeubles sans ascenseur, l’absence de rampe d’accès. Face ces challenges sur le plan infrastructurel et du fait de leur condition de vie,

Just2Drops, Juste2Gouttes

  La polio existe encore et nous souhaitons l'éradiquer une fois pour toutes. La poliomyélite, plus couramment appelée « polio », est une maladie virale qui touche plutôt les enfants, et plus particulièrement les enfants de moins de 5 ans . Le virus responsable de cette maladie très contagieuse attaque le système nerveux central et peut provoquer en quelques heures, dans environ un cas sur 200, une paralysie définitive . La polio a été une cause importante d’invalidité dans le monde. Ce virus, qui provoque le décès dans 5 à 10% des cas de paralysies, entre dans l'organisme par la bouche puis se développe dans les intestins . Il peut ensuite gagner la moelle épinière ou le tronc cérébral et provoquer des lésions irréparables. Toutefois, dans de nombreux cas, la maladie reste asymptomatique ou ne génère que des symptômes bénins. Dans les pays développés, la poliomyélite a disparu. Mais elle tue ou paralyse toujours dans certains pays. A l’heure actuelle, une ac